

Le Rendez-vous de l’Artiste – Bouya : Une voix pour Mayotte, entre mémoire, engagement et passion
Émission spéciale diffusée sur Chiconi FM-TV – Juillet 2025 Texte intégral à publier dans la revue hebdomadaire – Version longue (5 pages)
Un artiste enraciné, un ambassadeur culturel Dans ce nouvel épisode du "Rendez-vous de l'artiste", Chiconi FM a accueilli avec honneur Bouya, musicien engagé originaire de Chiconi. Le studio Studio Wass-na-Wass a résonné de souvenirs, de musique et de réflexions profondes. Plus qu’une simple émission, cette rencontre fut un acte de mémoire et une ode à la culture mahoraise. Avec sa guitare à la main et la voix chargée d’émotions, Bouya raconte sa trajectoire : entre Mayotte et la métropole, entre ancrage local et ouverture au monde. Il incarne une nouvelle génération d’artistes engagés, pour qui la musique est à la fois art, message et combat.
Une musique du monde à la sauce mahoraise Bouya définit sa musique comme une fusion : chico mahorais, reggae, hip-hop, ballades françaises, slow et influences malgaches. Il se revendique des musiques traditionnelles tout en les métissant pour créer un son unique. Ce qu’il nomme la ‘musique du monde made in Mayotte’. Dans son album, il aborde des thèmes universels, écrit en français ou en kibushi, et porte un regard à la fois tendre et lucide sur la société.
La musique comme levier éducatif Formé à l’animation socioculturelle, titulaire du Bafa, du BAFD et du BPJEPS, Bouya a longtemps travaillé dans les centres de loisirs. Pour lui, la musique est un outil d’émancipation. Il intervient dans les écoles, anime des ateliers et encourage les jeunes à s’exprimer, à créer, à découvrir leur patrimoine culturel. « Un enfant qui sait chanter, jouer de la guitare, écrire un texte ou danser a déjà commencé à rêver sa liberté », explique-t-il avec une bienveillance contagieuse.
Chido : Une épreuve, une solidarité Bouya se confie longuement sur le choc du cyclone Chido. Depuis Clermont-Ferrand, il vit dans l’angoisse de perdre des proches. Avec d’autres membres de la diaspora, il mobilise les communautés locales (Turcs, Maghrébins, Espagnols…) pour envoyer deux containers de dons. L’émotion est encore palpable dans sa voix : « Ne pas avoir de nouvelles de sa mère, de son père pendant plusieurs jours, c’est une douleur qu’on n’oublie pas. »
Peu de reconnaissance, peu de soutien Bouya déplore que les artistes mahorais soient peu soutenus. Il pointe du doigt l’absence d’infrastructures culturelles à Mayotte, le manque de programmations dans les festivals locaux, et l’oubli des talents mahorais vivant en métropole. Il appelle les collectivités à agir concrètement : salles de répétitions, maisons de la musique, résidences d’artistes, et accompagnement administratif sont urgents.
Un homme de cœur, de scène et d’engagement Derrière l’artiste se cache un homme humble, profondément social, associatif, engagé. Il rêve d’un Mayotte uni, fier de sa culture, et où chaque jeune aurait la chance de se révéler. Il insiste : « On est riches ! Riches de langues, de spiritualités, d’influences africaines, arabes, malgaches et françaises. Il faut transmettre ça avec fierté. »
Un artiste à suivre, une parole à écouter.
Le rendez-vous de Bouya restera comme un moment fort, un témoignage de dignité, de passion et d’humanité. Chiconi FM est fier de mettre en lumière ces artistes qui élèvent la voix de Mayotte au-delà des frontières. Merci Bouya, pour la musique, pour l’engagement, et pour cette fidélité à vos racines.
